Categories:

Étang de Thau : un projet expérimental pour dépolluer et restaurer la biodiversité de la zone de la Bordelaise

Publié le 13/02/2024 à 18:57 , mis à jour à 19:06

Ce mardi 13 février, Sète agglopôle Méditerranée a présenté un projet expérimental de dépollution et de restauration écologique sur la zone de la Bordelaise, à Frontignan.

Depuis des décennies, les fonds marins de la lagune de Thau voient les bateaux de plaisance hors d’usage (BPHU) et les macro-déchets (pneus, plastiques divers…) s’entasser les uns après les autres. Sur le site du ponton de la Bordelaise à Frontignan, ce mardi, certains étaient visibles depuis des berges polluées grâce aux rayons de soleil illuminant une eau bien claire.

Des signalements à l’action

Au total, une trentaine d’épaves se trouvent sur ce secteur du réseau Natura 2000 classé Aire marine protégée (AMP). Quelques-unes pour le meilleur, en servant et en abritant des écosystèmes pour la faune et la flore sous-marine. D’autres (presque) pour le pire, en polluant simplement un spot de plongé reconnu dans le monde entier pour sa biodiversité exceptionnelle d’hippocampes, de nacres ou de limaces de mer.

Si bien que Sète agglopôle Méditerranée, le Syndicat mixte du bassin de Thau (SMBT), appuyés par le bureau d’études Biotope, ont lancé il y a deux ans un projet de restauration des fonds dégradés, après « des signalements de plongeurs constatant ces épaves n’ayant rien à faire la », explique Camille Pfleger, chargée de mission Natura 2000.

Continuer le travail de sensibilisation

« La biodiversité de l’étang de Thau est magnifique. Il ne faut donc pas que les bateaux soient abandonnés sur cette zone de la Bordelaise » commente

François Commeinhes, maire de Sète et président de SAM. Pour éviter ce problème « persistant depuis très longtemps, il est important de continuer de mener un travail de sensibilisation ». Ce rôle, la Brigade bleue l’endosse. « On sensibilise les pêcheurs, les plaisanciers, mais aussi les plus jeunes dans les écoles », souligne Samir El Mokkedem, responsable de l’organisme. « Il est toujours important de rappeler aux propriétaires de ne pas abandonner leur bateau, mais de les confier à l’APER (l’organisme de la filière de traitement des déchets issus des bateaux, NDLR) qui les déconstruit et valorise ensuite. Ça évite de polluer l’environnement », insiste Camille Pfleger.

Projet expérimental

Ce mardi, en cette douce journée, le projet fédérateur, bénéficiant de l’appui de la Préfecture maritime, de la Direction Départementale des Territoire et de la Mer (DDTM), de la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement Région Occitanie (DREAL), de la Ville de Frontignan, des Voies Navigables de France et des clubs de plongée locaux, était donc enfin présenté par l’Agglopôle.

D’un coût de près de 70 000 euros, l’Office national de la biodiversité (OFB) finance 80 % dans le cadre du Life MarHa. Étant l’un des premiers projets de restauration écologique, tout une méthodologie a du être créée pour décider des actions à mener. Ainsi, Biotope a conçu une grille d’analyse pour « permettre d’identifier les épaves à extraire et celles à laisser dans l’eau », indique le bureau d’études. Les paramètres amenant à une évacuation ou non: la taille, l’état et l’enfoncement dans la vase des BPHU, si un écosystème (herbiers, nacres, hippocampes..) s’est construit et dans quelles proportions, les risques de dégrader l’environnement en les enlevant..

Au total, 15 épaves, principalement situées en bord de berge et le long du ponton, quitteront l’étang d’ici vendredi prochain. « On en a retiré près d’une dizaine depuis le 9 février, deux ce mardi matin, liste Guy Gradit, d’Ulysse services maritimes, en tenu de plonger, qui s’occupaient de les sangler avant qu’une grue de 76 m ne les soulève et pose sur la terre ferme. Après égouttage, ces derniers seront ensuite démantelés et traitées.

Durant la quinzaine de jours des travaux, un arrêté du Préfet maritime interdit l’accostage des bateaux. Il en va de même pour l’accès par voie terrestre au site de la Bordelaise.

Un suivi scientifique

Mais le travail de restauration de la biodiversité ne se limite pas à l’évacuation de 15 épaves. Durant toute l’année, en association avec des clubs de plongées, des plongeurs bénévoles remonteront les macro-déchets à la surface », annonce Michel Garcia, vice-président de SAM et du SMBT.

« En plus. ils mèneront un suivi scientifique sur le temps pour décrire l’évolution de la biodiversité autour des bateaux », ajoute Nicole Boulay, présidente de la Fédération française d’études et de sports sous-marins. Pour que ça fonctionne, « il faut vivre avec l’environnement, pas contre lui », conclut Michel Garcia.

Un projet bientôt d’ampleur nationale ?

Après la présentation de ce projet de dépollution et de restauration de la biodiversité, se pose déjà la question du futur de la nouvelle méthodologie mise en place sur la zone de la Bordelaise. « La grille d’analyse de Biotope est un bon moyen de décider s’il faut retirer ou non les épaves. On va suivre l’évolution du projet avec beaucoup d’attention », déclare Camille Pfleger, chargée de mission de Natura 2000 et biodiversité au SMBT.

Cette expérimentation est nécessaire pour décider du futur des épaves. Cette question de l’avenir ne se pose évidemment pas que sur la zone de la Bordelaise, mais sur tous les bords de l’étang et même sur le littoral », estime François Commeinhes.

L’avenir de la méthodologie semble même acté malgré le manque logique de résultats pour le moment. La grille d’aide à la décision réalisée par le bureau d’études Biotope sera déployée sur des sites Natura 2000 de la façade Atlantique courant 2024 afin de tester sa réplicabilité », indique l’Agglo dans un communiqué. « Cela permettra d’engager des réflexions quant à la nationalisation de cette méthode. »

En parallèle de cette ambition nationale, l’Agglo n’oublie pas le bassin de Thau pour autant: « La réussite de ce projet pilote et les résultats des suivis écologiques sur la lagune après le nettoyage permettront d’évaluer l’intérêt de la poursuite des opérations de dépollution sur le site de la Bordelaise et plus généralement d’établir une nouvelle stratégie de traiter la gestion des BPHU sur des secteurs sensibles tels que la lagune de Thau.

Tags:

No responses yet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *